Plus de 4000 auto-écoles ont manifesté à Paris

11/02/2019 Groupements/syndicats
Groupements/syndicats Plus de 4000 auto-écoles ont manifesté à Paris

Rendez-vous était donné aux écoles de conduite françaises lundi 11 février, à 6h30 aux quatre portes de Paris (Auteuil, Clignancourt, Orléans et Vincennes) pour rallier en cortège sur le périphérique parisien, la Place d’Italie. Un appel qui a été entendu par une grande partie de la profession, puisque plus de 4 000 véhicules-école venus de toute la France ont stationné sur plus d’un kilomètre, boulevard Auriol, dans le 13ème arrondissement de Paris. En parallèle, d’autres manifestations étaient organisées localement en région (Bordeaux, Marseille, Montpellier, Nice…).
Objectif : décrocher un rendez-vous avec Matignon, pour faire entendre les revendications de la profession qui dénonce notamment deux points du rapport parlementaire Dumas/Guérini : l’agrément national et l’inscription à l’épreuve pratique par le candidat et non plus par l’école de conduite.


Vers une baisse de la qualité de l’enseignement ?
Pour Patrice Bessone, président du CNPA-ER, et Patrick Mirouse, président de l’UNIDEC, si l’agrément des écoles de conduite devient national, « cela rendra de facto toute volonté de contrôle des établissements de formation inopérante ».
Quant à « la désintermédiation des candidatures à l’épreuve pratique », cela risque de « se traduire par un affaiblissement de la qualité de service public des examens ». Une crainte que partage le Snica-Fo des inspecteurs, venu soutenir la manifestation. « Si les jeunes s’inscrivent sans être prêts, le taux de réussite va chuter, analyse, Laurent Deville, secrétaire général adjoint du Snica-Fo. Au final, il faudra plus de places d’examen, et comme la tendance n’est pas à créer plus de postes de fonctionnaires, nous avons peur que l’idée d’une privatisation des examens pratiques ne revienne sur le devant de la scène ».


La question du coût du permis
Une chute du taux de réussite qui aurait également pour conséquence de rallonger la durée de la formation des élèves ayant échoué et au final le coût du permis, souligne Patrick Mirouse qui prône avec Patrice Bessone, d’utiliser l’argent récolté par les recettes des radars pour financer gratuitement la formation au permis de conduire des jeunes. Par ailleurs, le président du CNPA-ER dénonce « la fausse bonne idée de passer le Code via le service national universel (SNU). Quand on sait que les jeunes passent généralement le permis vers 21 ans, ils auront eu le temps d’oublier le Code. Résultat, avec ce système, on va payer deux fois : via le SNU avec nos impôts, puis à l’école de conduite ».


Une question de société
De son côté, Philippe Colombani, président de l’UNIC, qui avait donné la consigne à ses adhérents de participer à la manifestation pour notamment s’opposer à l’agrément national et à l’inscription à l’épreuve pratique par le candidat, dénonçait avec véhémence l’ubérisation de la profession. « Ce gouvernement prône une libéralisation du travail grâce à l’auto-entreprenariat. Mais c’est une paupérisation du travail. C’est un moyen pour l’État de se désinvestir du problème des retraites puisqu’il n’aura pas à s’en occuper, laissant le soin à chacun de souscrire un système de protection privé. De même que l’État réglera en partie le problème du chômage, avec une multitude d’emplois précaires. L’ubérisation qui concerne aujourd’hui les écoles de conduite n’est pas propre à notre profession. Elle va concerner bien d’autres métiers. Au-delà de la formation à la conduite, c’est une vraie question de société à laquelle tous les Français doivent réfléchir. »

À LIRE AUSSI

UNIC : changement de présidence

Le 23 mai dernier, les adhérents de l’UNIC se sont réunis lors d’une assemblée générale qui marque un tournant pour le syndicat. En effet, Philippe Colombani, président et fondateur de l’UNIC, a passé la main à Sandra Carasco.