Aris et ENPC ont développé un support pour malentendants

01/08/2016 Groupements/syndicats
Groupements/syndicats Aris et ENPC ont développé un support pour malentendants L’Association régionale pour l’intégration des sourds (Aris) et l’éditeur pédagogique ENPC ont créé le premier support d’apprentissage du Code de la route avec incrustation en langue des signes.

Apprendre à conduire pour une personne sourde ou malentendante se révèle être un parcours semé d’embûches. Premier obstacle : en France, les auto-écoles qui proposent des cours en Langue des Signes Française (L.S.F.) se comptent sur les doigts d’une main. Et pour cause, « cela représente un certain investissement financier, explique Jacky Rabot, directeur de l’auto-école associative Aris, basée à Paris, dans le 13e arrondissement. Sans compter qu’il n’est pas facile de trouver des enseignants de la conduite qui maîtrisent la langue des signes ou qui sont motivés pour l’apprendre ».

70% des sourds sont illettrés
Second obstacle : jusqu’à présent, il n’existait pas de support pédagogique adapté pour les sourds. « On devait se contenter d’utiliser des supports classiques. Or, il faut savoir qu’environ 70% des sourds sont également illettrés parce qu’ils n’ont pu suivre des études dans des structures adaptées à leur handicap. Ils n’utilisent donc pas l’écriture pour communiquer, seulement la L.S.F. qui est leur langue », souligne Jacky Rabot. C’est pourquoi, en 2013, il a l’idée de contacter les éditeurs spécialisés dans la réalisation d’ouvrages pédagogiques pour l’apprentissage de la conduite.

Un travail de traduction complexe
ENPC accepte le challenge. Et le mot est faible. « On ne se rend pas forcément compte mais cela nécessite beaucoup de travail, confie Yves Painsar, directeur général d’ENPC. Nous montons un studio pendant plusieurs jours dans nos locaux, à Saint-Herblain, en Loire-Atlantique. Cela mobilise notre équipe de concepteurs et des traducteurs en langue des signes pour filmer la traduction des différentes questions en langue des signes que l’on incruste ensuite dans l’image située au-dessus de l’énoncé de la question. Et lorsque la prise n’est pas bonne, il faut recommencer ». De plus, « la traduction n’est pas toujours évidente, précise Jacky Rabot. La L.S.F. ne comporte pas une traduction pour chaque mot de la langue française. Il y a moins de subtilité. Du coup, il arrive que l’on donne la réponse en posant la question ! » Un travail beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît et qui explique qu’il a fallu plus de deux ans pour achever ce premier support pédagogique dématérialisé qui comporte 6 séries de 40 questions. Pour autant, il n’est pas question d’en rester là. Tout d’abord, « il faut que l’on se remette au travail pour élaborer un support conforme à la nouvelle ETG », déclare Yves Painsar. Surtout, Jacky Rabot aimerait que ce support destiné à l’apprentissage de la conduite dans les auto-écoles spécialisées serve de modèle pour élaborer des questions d’examens avec la traduction en langue des signes en incrustation.

Un coût de développement non négligeable
Mais tout cela a bien évidement un coût. « Il faut savoir qu’un seul produit coûte 27 932 euros à la réalisation », confie Karine Plouviez, chargée de Développement chez Aris. Pour financer ce projet, Aris a donc fait appel à la générosité de différents partenaires tels que les fondations Aéroports de Paris, Banque populaire, Groupe Chèque Déjeuner, Macif, Norauto, PSA Peugeot Citroën, Vinci, ainsi qu’à la réserve parlementaire. Un effort de générosité qui devrait contribuer à aider les personnes sourdes à s’insérer dans la société.

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