Quid du permis quad ?

26/01/2014 Formations/Examens
Formations/Examens Quid du permis quad ? Comment rouler sur route avec un quad homologué quand on n’a pas 18 ans ? Selon la puissance, il existe le permis AM ou bien le B1. Mais la réforme des permis a-t-elle vraiment pensé à tout ?

La réforme des permis, c’est un peu le fouillis. Un père de famille de la région dijonnaise en a fait l’amère expérience, récemment. Laurent*, chauffeur de taxi à Marsannay-le-Bois, en Côte d’Or, a acheté un quad homologué de 250 cm³ à son fils de 16 ans, pour qu’il puisse se rendre seul sur son lieu de stage. Pas très au fait des évolutions réglementaires, le papa pensait qu’une formation BSR serait suffisante. Mais depuis le 19 janvier 2013 ce n’est plus le cas, et ce pour toutes les personnes nées à partir du 1er janvier 1988. « Il fallait qu’il passe le B1, une formation longue de 20 heures. Et aucune auto-école de la région ne voulait la faire, car trop chère. À moins que l’on ne fournisse le quad… » Mais, si pour une formation BSR, Laurent aurait tout à fait pu emmener le quad de son fils sur une remorque, il ne pouvait le faire vingt fois ! « J’ai aussi un métier, je suis à mon compte, et cela m’aurait pris deux heures à chaque fois. Deux heures de moins pour mes revenus », souligne-t-il.

Critique d’un système
Laurent se trouve alors confronté à une impasse. Lui qui est prêt à payer pour que son fils reçoive une formation de qualité, se voit refermer toutes les portes. « Je n’en veux pas aux auto-écoles, c’est le système que je critique, et cette fameuse réforme qui n’arrange personne », explique-t-il. Dans la région dijonnaise, sa démarche a pu être mal interprétée. Après avoir évoqué sa situation dans le Bien public, un journal local, il a reçu plusieurs coups de fil anonymes. Avec des menaces à peine voilées. « Elles provenaient clairement d’auto-écoles, puisque certains me disaient que je ne pourrais jamais inscrire mon fils dans un établissement, que personne ne l’accepterait après ce que j’avais dit. C’est allé très loin », déplore Laurent. Heureusement, ces propos qui sont même parfois allés jusqu’à « des injures » n’étaient le fait que d’une minorité. Si bien qu’il devrait pouvoir inscrire son fils en conduite accompagnée prochainement, sans trop de difficultés. « Je ne voulais pas qu’il conduise un deux-roues, c’est un choix. J’ai essayé de trouver une alternative jusqu’à ses 18 ans. Malheureusement cela n’a pas pu se faire. Lorsque je me suis renseigner pour acheter le quad, certains m’ont même dit que beaucoup de jeunes conduisaient leur quad sur route et sans permis. Mais je tiens trop à mon gosse pour faire les choses à moitié et risquer un défaut d’assurance. » Un père sage, donc, qui a fini par « faire le taxi » pour son fils, en l’emmenant tous les jours sur son lieu de travail.

Un B1 inutile ?
En termes de formation, les choses auraient sûrement été plus simples si le quad du fiston avait fait moins de 50 cm³. Dans ce cas, un permis AM aurait suffi : une formation de sept heures spécifique aux quadricycles légers à moteur, bouclée en une journée, et son fils aurait pu joyeusement prendre la route. Du côté des professionnels de la conduite, cette histoire a au moins le mérite de mettre en avant « l’inutilité » du permis B1, pour reprendre les termes de Pierre Lopez, gérant d’une auto-école multicartes à Libourne, dans le département de la Gironde. « La mise aux normes européennes a complexifié tout le système », juge-t-il. Dans le cas du fils de Laurent, il est vrai qu’une formation de 20 heures, dans le cadre d’un permis B1, aurait pris du temps, alors qu’il allait enchaîner avec le permis B juste après. Illogique. Concernant l’argument « sécurité » de Laurent au sujet du permis quad, Pierre Lopez n’est pas du même avis. « On dirait qu’un quad est plus stable qu’un deux-roues, mais ce n’est pas forcément le cas, analyse-t-il. Les virages sont très techniques, très difficiles à prendre. Il faut beaucoup de dextérité, car les roues ne tournent pas. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres. » Pour résumer, les auto-écoles ont plusieurs raisons de très peu proposer le permis B1 : 1) il y a peu de demandes ; 2) cela coûterait très cher de s’équiper dans chaque catégorie de véhicule, pour un rendement au final… famélique.

* le prénom à été modifié.

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