ETG : l’examen est-il trop facile ?

01/12/2018 Formations/Examens
Formations/Examens ETG : l’examen est-il trop facile ?

Nombreux sont les enseignants à se plaindre que les élèves ayant obtenu le Code ne sont pas au niveau lorsqu’ils débutent la pratique. L’ETG est-elle devenue trop facile ou la vérité est-elle ailleurs ?

Le 2 mai 2016, la nouvelle formule de l’épreuve théorique générale entrait en vigueur. Outre 1 000 nouvelles questions portant sur neuf thématiques (les dispositions légales en matière de circulation, le conducteur, la route, les autres usagers, la réglementation générale, les précautions nécessaires à prendre en quittant le véhicule, les éléments mécaniques et autres liés à la sécurité routière, les équipements de sécurité du véhicule et les règles d’utilisation du véhicule respectueuses de l’environnement), cette nouvelle formule d’ETG introduisait des vidéos permettant de présenter des situations en mouvement avant de poser une question au candidat.

Chute drastique du taux de réussite en mai 2016
Ce changement avait visiblement déconcerté les candidats puisque le taux de réussite s’était aussitôt effondré, passant sous la barre des 20 % ! Face à ce constat, le délégué interministériel à la sécurité routière, Emmanuel Barbe, avait pris la décision de retirer provisoirement les questions qui avaient provoqué le plus d’échecs, afin d’essayer de comprendre ce qui posait problème. Le taux de réussite à l’ETG était alors remonté. Finalement, lissé sur l’année 2016 le taux de réussite affichait 69,15 % contre 71,48 % en 2015. Le pire avait donc été évité.

Réintroduction de questions difficiles en octobre 2017
Pour ne pas tomber dans l’excès inverse, la Délégation à la sécurité routière prenait la décision de réintroduire des questions plus difficiles dès octobre 2017.Pour autant, nombreux sont les professionnels de la conduite qui se plaignent que l’examen du Code de la route est devenu trop facile. Alors est-ce vraiment le cas ?

Un taux de réussite stable
« Ce n’est pas ce que nous disent les élèves », confie Lamia Benmosly, gérante d’une auto-moto-école en Seine-Saint-Denis, à Sevran. Un constat partagé par Dominique Moreau, gérant de quatre agences dans le Limousin qui souligne que « si c’était vraiment si facile, on aurait un taux de réussite supérieur à 90 %. Or le taux de réussite est relativement stable ».

Des questions mal adaptées ?
Pour Philippe Augé, du CER Bobillot à Paris, le problème ne porte pas tant sur le niveau de difficulté de l’examen, mais sur le fait que les questions de l’ETG sont souvent mal adaptées aux besoins des futurs conducteurs. « Lorsque les candidats se présentent à l’examen théorique, ce sont des conducteurs novices. Or, on leur pose souvent des questions qui peuvent être très intéressantes pour une personne qui a déjà une expérience de conduite, mais qui arrivent trop tôt dans la formation initiale. »
« On est plus dans des questions généralistes et techniques, remarque Patrick Crespo, président de CER Réseau et gérant d’un établissement de formation à la conduite à Cahors, dans le Lot. Par contre, il manque des questions portant sur les connaissances de base du Code de la route, comme savoir lire les panneaux et connaître les règles de priorité. » Du coup, constate Dominique Moreau, « les enseignants sont obligés de rappeler les connaissances de base lors des cours pratiques dans la voiture. Avant de parler d’écoconduite et d’usagers vulnérables, il est indispensable de connaître les règles de circulation pour savoir comment placer le véhicule sur la chaussée. »
Alerté sur le sujet, Emmanuel Barbe avoue qu’il a « du mal à comprendre ». Selon le délégué à la Sécurité routière, le ministère s’est penché sur la question. L’étude menée a révélé que « statistiquement, on passe pas mal de questions en relation avec cette thématique ».

Un apprentissage à revoir ?
Pour Lorenzo Lefebvre, gérant d’un centre de formation à Saint-Pierre-de-Varengeville, en Seine-Maritime, le problème est ailleurs. Ce n’est pas tant le contenu de l’ETG qu’il faut revoir, mais la façon de préparer cet examen. « La plupart des élèves s’entraînent uniquement à répondre à des QCM sur Internet via les plateformes des différents éditeurs. C’est du bachotage. À force de faire et refaire des séries qui ont été élaborées par rapport au contenu des questions qui sont présentées à l’examen, les élèves connaîssent les questions et les réponses par cœur. » Mais ils ne font pas forcément le lien entre ce qu’ils ont appris pour répondre correctement aux QCM et les situations qu’ils vont rencontrer sur la route. « C’est notamment le cas lorsque les élèves viennent s’inscrire à l’école de conduite en ayant déjà le Code », souligne Dominique Moreau pour qui la solution est simple : « il faut ramener des cours de conduite à l’école de conduite. » Patrick Marcho, gérant de plusieurs établissements dans les Hauts-de-Seine est on ne peut plus direct : « on n’arrêtait pas de râler quand l’ETG était trop difficile, maintenant, on trouve que l’examen est trop facile. Le problème est plus prosaïque : trop d’écoles de conduite ne font plus de vraie formation théorique ». Une formation pourtant indispensable en présence d’un enseignant pour apprendre aux élèves les règles de circulation et « à analyser les situations afin d’adopter un comportement adapté », estime Lorenzo Lefebvre, avant d’affirmer : « on fait croire aux gens que ça va leur coûter moins cher d’apprendre le Code en faisant des séries sur Internet. Mais au bout du compte, s’il faut que l’enseignant reprenne les bases avec l’élève en voiture, le coût global de la formation va être plus élevé car il faudra prendre davantage d’heures de conduite qui coûtent plus cher qu’un cours en salle ». Bref, c’est perdant-perdant.

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