L’ANTS cristallise le mécontentement

01/12/2017 Économie/Entreprise
Économie/Entreprise L’ANTS cristallise le mécontentement

Depuis le 6 novembre dernier, les auto-écoles doivent obligatoirement utiliser le site de l’Agence nationale des titres sécurisés pour toute création de dossier. Mais le système présente encore des bugs fortement handicapants pour les écoles de conduite.

Une dizaine de jours après la fermeture des guichets dans toutes les préfectures, 11 900 auto-écoles avaient ouvert un compte professionnel auprès de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS), selon Pierre Ginefri, sous-directeur à l’Éduction routière. Soit la quasi-totalité des établissements de conduite. Il faut dire que les auto-écoles n’ont pas le choix si elles veulent poursuivre leur activité.
La DSR précise cependant qu’elle compte faire prochainement le point avec les écoles de conduite qui n’ont pas encore passé le cap de la dématérialisation pour comprendre pourquoi elles ne s’enregistrent pas auprès de l’ANTS.

En moyenne, deux jours de traitement
Depuis le 6 novembre dernier, 46 700 demandes de dossiers ont été enregistrées par l’ANTS, avec en moyenne des dossiers traités en deux jours, selon Pierre Ginefri. « Globalement, le système fonctionne », estime le sous-directeur à l’Éducation routière, qui reconnaît tout de même que le système de l’ANTS présente des bugs et comprend « le désarroi des personnes » qui en subissent les conséquences. « C’est inadmissible », mais précise-t-il, « les bugs sont plutôt en passe d’être réglés. Notamment le problème des fameux dossiers bloqués devrait être vite résolu ».

Les syndicats dénoncent des bugs
Du côté des syndicats, la vision de la situation est nettement moins rose. Pour Patrice Besonne, président du CNPA-ER,
« ça ne va pas du tout. Toutes les auto-écoles ont des problèmes. Nous ne sommes pas contre la modernité, mais lorsque c’est efficace. Pour l’heure, les bugs bloquent l’activité des écoles de conduite. À ce rythme-là, on est en train de perdre tout le bénéfice que l’on avait acquis avec la réduction des délais d’obtention de places d’examens. J’espère que les bugs au niveau de l’ANTS vont être rapidement réglés, mais aussi que les CERT sont suffisamment dotés en personnel pour que l’on puisse récupérer les dossiers validés dans un délai raisonnable ».
Même son de cloche pour Patrick Mirouse, président de l’UNIDEC : « Bien sûr, nous sommes pour le progrès et pour tout ce qui peut être dématérialisé dans la mesure où cela fait gagner du temps et offre plus de confort pour l’utilisateur. Mais pour le moment, il faut reconnaître que le site de l’ANTS est lent et n’est pas au point, ce qui handicape lourdement notre activité ».
Même constat pour Philippe Colombani, président de l’UNIC : « Il n’y a pas d’amélioration depuis la tenue de notre congrès début novembre lorsque nous avions fait part des nombreux problèmes à Pierre Ginefri et Emmanuel Barbe, délégué à la Sécurité routière. Cela prend des heures pour faire un dossier ; on rencontre notamment des soucis pour télécharger les pièces jointes qui sont refusées ; les demandes sont différentes d’un candidat à l’autre, etc. Cela met les auto-écoles en porte-à-faux par rapport aux élèves qui ne veulent pas comprendre le problème. On va se retrouver dans la même situation que lorsque l’on devait faire face aux délais interminables pour obtenir des places d’examen. Comme toujours, la profession fait le tampon entre les élèves et l’administration. C’est pourquoi je pense que les écoles de conduite devraient dire aux élèves de se débrouiller seuls pour créer leur dossier. »

Demande de mandat pour les auto-écoles
Au-delà du problème informatique, le CNPA-ER et l’UNIDEC demandent qu’un mandat soit donné aux établissements de conduite pour enregistrer le dossier. Selon eux, la procédure de validation par l’élève dans les sept jours est trop compliquée.
« Certains n’ont pas d’adresse Internet, d’autres oublient carrément de valider leur dossier et il faut tout recommencer, explique Patrice Bessone. C’est pourquoi nous demandons d’avoir un mandat. Mais il ne faudrait pas l’obtenir dans deux ans ! »
De son côté, Patrick Mirouse demande en plus du mandat pour les auto-écoles, de ne plus avoir à tout remplir si le dossier n’a pas été validé dans les sept jours. De même, il souhaite que la photo puisse être réutilisée après un premier échec.
S. A.

Numéro dédié aux écoles de conduite
La ligne dédiée aux auto-écoles ouverte en juillet dernier reste ouverte. Les écoles de conduite peuvent donc composer le 0810 903 270 pour signaler un problème ou demander un conseil.
Cependant, Patrick Mirouse dénonce des délais trop longs pour obtenir un interlocuteur et du personnel pas assez qualifié pour répondre efficacement.
Pour sa part, Philippe Colombani demande la gratuité de cette ligne téléphonique. « Il est indécent de faire payer ce service aux écoles de conduite qui subissent déjà des problèmes avec l’ANTS sans rien avoir demandé à personne ! »

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