Accidentologie : hausse de 3,5% des décès

01/09/2015 Sécurité routière
Sécurité routière Accidentologie : hausse de 3,5% des décès Après des années de baisse, le nombre des morts sur les routes françaises est reparti à la hausse l’an dernier. Un constat inquiétant qui démontre que rien n’est jamais acquis.

Passer sous la barre des 2 000 morts d’ici 2020 sur les routes de France, tel est l’objectif que visent les gouvernements français successifs depuis plusieurs années. Un objectif ambitieux, mais qui semblait réalisable puisque le nombre de personnes décédées suite à un accident de la route diminuait doucement mais sûrement, tous les ans. Une tendance qui a malheureusement pris fin l’an dernier. En effet, 58 191 accidents corporels ont été dénombrés en 2014 contre 56 812 en 2013, ce qui représente une augmentation de 2,4%. Cette hausse du nombre d’accidents corporels a également engendré une augmentation du nombre de blessés puisque l’on en a recensé 73 048 en 2014 contre 70 607 en 2013, soit 3,5 % de plus. Parmi ces blessés, 26 635 ont nécessité une hospitalisation en 2014 contre 25 966 en 2013, ce qui signifie une hausse de 2,6%. Enfin, on a déploré le décès à 30 jours de 3 384 personnes en 2014 contre 3 268 en 2013, ce qui représente une augmentation de 3,5%.

Baisse de la mortalité chez les motards
Parmi les 3 384 personnes décédées en 2014, 499 étaient piétons, 159 se déplaçaient à vélo, 165 en cyclo, 625 en moto, 1 663 dans un véhicule de tourisme, 143 dans un véhicule utilitaire, 56 en poids lourd et 74 par un autre moyen de déplacement (voiturette, tricycle, transport en commun ou engin spécial). Si en termes de nombre de victimes, la catégorie la plus représentée est celle des véhicules de tourisme, ce n’est pas celle qui a le plus augmenté par rapport à l’année précédente (3%). En effet, les catégories « Vélos » et « Véhicules utilitaires » ont toutes les deux enregistré une hausse de 8%. Les catégories « Piétons » et « Cyclos » sont en augmentation respectivement de 7% et de 4%. Seules les catégories « Motos » et « Poids lourds » ont comptabilisé moins de morts en 2014 par rapport à 2013, en enregistrant respectivement une baisse de 1% et de 2%. Ces données chiffrées ne sont certes pas très bonnes, mais il faut espérer que 2014 soit un « accident » dans la courbe descendante du nombre de victimes. En effet, lorsque l’on regarde la progression sur 14 ans (2000/2014), tous les indicateurs sont à la baisse, avec notamment -69% de victimes pour la catégorie des « Véhicules de tourisme »,- 64% pour les « Cyclos », -55% pour les « Poids lourds », -42% pour les « Vélos », -41% pour les « Piétons » et -34% pour les « Motos ».

Profil des personnes décédées
Les victimes décédées sont le plus souvent des hommes (2 541 contre 843 femmes) et dans presque 75% des cas, conduisaient le véhicule. Les 25-44 ans sont les plus représentés (1 041 tués en 2014). Viennent ensuite les 45-64 ans (761), les 18-24 ans (582), les plus de 75 ans (489), les 65-74 ans (283), les 15-17 ans (116) et les 0-14 ans (112). Les 25-44 ans sont surtout représentés dans les accidents impliquant un véhicule de tourisme ou une moto, tandis que les plus de 65 ans constituent quasiment la moitié des victimes chez les piétons et les cyclistes.

Facteurs comportementaux dans les accidents mortels
Malgré les nombreuses campagnes de prévention menées par les différents gouvernements, l’alcool reste l’ennemi à abattre. Force est de constater que l’alcoolisation du conducteur est la cause des accidents mortels dans 28% des cas. Au palmarès des causes d’accidents mortels, on trouve également la présence de stupéfiants dans 23% tandis que la fatigue ou les malaises sont responsables de 9%. Autre sujet d’indignation, le port de la ceinture, même s’il est en augmentation, n’est malheureusement pas encore systématique pour tout le monde. Ainsi, le non-port de cette dernière est la cause du décès de 21% des automobilistes, de 27% des usagers de véhicules utilitaires et pire, de 37% des usagers de poids lourds. Chez les deux-roues motorisés, le port du casque semble être un peu plus un réflexe qu’auparavant puisque le non-port de cet accessoire de sécurité indispensable est responsable du décès de « seulement » 12% des cyclomotoristes et de 3% des motards.

Probabilité d’avoir un accident en fonction du jour
On notera par ailleurs, que la plus grande probabilité d’avoir un accident mortel est le vendredi entre 16 et 18 heures, au moment où la semaine de travail se termine, que les gens sont le plus fatigués et qu’ils sont impatients de rentrer chez eux ou qu’ils prennent éventuellement la route pour partir en week-end. Inversement, c’est le mercredi que l’on dénombre les moins d’accidents mortels. Viennent ensuite le lundi, le mardi et le jeudi avec une probabilité d’avoir un accident relativement similaire, puis le samedi et le dimanche. Le samedi talonnant le vendredi, avec notamment les accidents dus aux sorties de boîtes de nuit pour les jeunes et plus globalement les sorties de soirées plus ou moins arrosées. D’où l’importance de développer les initiatives comme les « capitaines de soirée » ou les opérations « Chèques taxis » misent en place avec des compagnies de taxi dans certaines villes, afin d’éviter aux fêtards imbibés de reprendre le volant.

Cartographie de la mortalité routière
Outre les différents jours de la semaine, on constate que certaines régions (carte des régions avant la réforme de 2015) s’avèrent plus meurtrières que d’autres. Une analyse sur 3 ans (de l’année 2012 à 2014 incluses) met en relief une moyenne de 55 tués par million d’habitants au niveau national. Si la région parisienne fait office de bonne élève avec moins de 29 tués par million d’habitants, la Corse et le Languedoc-Roussillon s’avèrent les régions les plus meurtrières avec entre 80 et 99 décès par million d’habitants. L’essentiel des régions (Aquitaine, Auvergne, Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Franche-Comté, Limousin, Midi-Pyrénées, Picardie et Poitou-Charentes) se situent entre 60 à 79 tués par million d’habitants. La Bretagne, la Lorraine, la Normandie (haute et basse) et les Pays de la Loire comptent entre 50 et 59 tués par million d’habitants. Enfin, l’Alsace, le Nord et la région Rhône-Alpes dénombrent entre 30 et 49 décès par million d’habitants. Des différences qui peuvent s’expliquer par des topographies inégales avec un réseau routier plus ou moins dangereux. Mais cela ne fait pas tout. Un travail sur le comportement est visiblement encore nécessaire.

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