Accidentolgie 2016 : Une relative stabilisation après deux années de hausse

01/09/2017 Sécurité routière
Sécurité routière Accidentolgie 2016 : Une relative stabilisation après deux années de hausse

Le bilan définitif de l’accidentologie 2016 a été officiellement dévoilé fin juin. Après deux années consécutives d’augmentation du nombre de victimes de la route, 2016 affiche une relative stabilisation du nombre de morts et de blessés, en France.

L’an dernier, ce sont 3 477 personnes qui ont perdu la vie dans un accident de la route, en France métropolitaine. Soit 16 décès de plus qu’en 2015 (+ 0,5%). Si la mortalité routière a considérablement baissé ces dernières années, on est encore loin de l’objectif de passer sous la barre des 2 000 morts à l’horizon 2020. Cependant, Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière pondère cette augmentation en rappelant que 2016 était une année bissextile. Ainsi, seize tués représentent « l’équivalent d’un peu moins de 2 jours pour cette année bissextile ». C’est pourquoi la DSR considère que « c’est globalement une quasi-stabilisation après deux années d’augmentation ».

Hausse du nombre de blessés
Mais si l’on se focalise souvent sur les décès, il ne faut pas oublier les blessés. Or, le nombre de personnes blessées a augmenté de 2,6%, passant de 70 802 blessés en 2015 à 72 645 en 2016, soit une différence de 1 843 personnes. Le nombre de blessés hospitalisés s’inscrit également dans une courbe croissante, avec 27 187 personnes ayant nécessité un séjour à l’hôpital en 2016 contre 26 595 en 2015, soit une différence de 592 blessés. Sur ce point, Emmanuel Barbe souligne que pour « une personne décédée dans un accident de voiture, on déplore environ sept blessés hospitalisés ». Ce qui est loin d’être négligeable pour les victimes et les proches, mais également pour la société.
De propos étayés par le Professeur Philippe Azouvi, spécialiste en neurologie et en médecine physique et de réadaptation, à l’hôpital Raymond Poincaré, à Garches, dans les Hauts-de-Seine, qui constate que 28,5% des blessés de la route hospitalisés subissent une paralysie ou une amputation de certains membres et que 53,4% sont des traumatisés crâniens. « On assiste à une forte augmentation des traumatisés crâniens depuis les années 1970, explique le médecin. Auparavant, nombre de victimes décédaient lors d’un accident de la route. Maintenant, outre les progrès technologiques en termes de sécurité au niveau des véhicules, on sait mieux soigner les blessés. Pour autant, il faut savoir que 72% des traumatisés crâniens qui survivent après un accident de la route, gardent des séquelles à vie. Ces séquelles ne sont pas forcément visibles. Cela peut se traduire par des troubles de la mémoire et du caractère, mais cela a souvent un impact très pénalisant dans la vie quotidienne. Et malheureusement, nombre de ces traumatisés ne peuvent retrouver une activité professionnelle normale. »

Les catégories d’usagers
Lorsque l’on regarde les statistiques de l’accidentologie de plus près, on s’aperçoit qu’il existe de fortes disparités en fonction des différentes catégories d’usagers. Ainsi, on déplore le plus grand nombre de morts à bord des véhicules de tourisme (51%). Viennent ensuite les motards (18%), les piétons (16%), puis les cyclistes (5%), les usagers de véhicules utilitaires (4%), les usagers de cycles (3%) et les conducteurs de poids-lourds (2%). Mais si c’est à bord d’une voiture que l’on a le plus de risques d’avoir un accident, le nombre de victimes dans cette catégorie est en baisse par rapport à 2015 (- 36 morts) et 2014 (- 357). La tendance à la baisse se confirme également chez les motards (- 1 mort par rapport à 2015 et - 91 morts par rapport à 2014). Inversement, le nombre de piétons décédés dans un accident de la route est en hausse (+ 91 par rapport à 2015 et + 74 par rapport à 2014). Même tendance à la hausse chez les cyclistes (+ 13 par rapport à 2015 et + 15 par rapport à 2014).

Les classes d’âge
La tranche des 15-17 ans comptabilise une baisse de la mortalité en 2016, avec 96 décès, soit 29 tués de moins qu’en 2015 (- 23%). L’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (ONISR) explique « ce taux historiquement bas par la désaffection par cette classe d’âge de l’usage du cyclomoteur et de la motocyclette au profit des transports en commun ».
Les 18-24 ans présentent également un fléchissement de la mortalité routière, avec un total de 597 décès, soit 22 tués de moins qu’en 2015 (- 22%). Cependant, il faut souligner qu’un tué sur cinq l’est dans un accident impliquant un conducteur novice... D’où l’importance d’une formation à la conduite de qualité. La tranche des 24-44 ans a totalisé 994 tués, soit le plus grand nombre de morts par tranche, même si l’on remarque un recul de 30 décès par rapport à 2015 (- 3%). À partir de 45 ans, le nombre de morts est plus ou moins en augmentation par rapport à 2015. Ainsi, on a déploré 796 morts dans la tranche 45-64 ans, soit 35 tués de plus qu’en 2015 (+ 5%), 320 décès pour les 65-74 ans (soit + 8 tués et + 3%) et enfin 566 morts chez les plus de 75 ans (soit + 47 tués et + 9%). À noter que les personnes âgées de plus de 65 ans sont sur-représentées dans la mortalité piétonne et que ces accidents surviennent pour la plupart du temps en milieu urbain. La DSR souligne que « la France connaît un vieillissement continu et inéluctable de sa population. Selon l’INSEE, en 2050, un habitant sur trois aura plus de 60 ans, contre un sur cinq aujourd’hui. Il est vraisemblable que les seniors seront plus ou moins mobiles. Il s’agit là d’un enjeu majeur de sécurité routière pour les années à venir ».

Ratio homme/femme
L’inégalité homme/femme se retrouve sur la route, mais cette fois, au profit des femmes. Ainsi, les victimes de la route sont au trois quart des hommes. L’an dernier, sur les 3 477 tués, 2 639 étaient de sexe masculin. Ils représentent 77% des conducteurs tués automobilistes, 83% des conducteurs cyclistes, 88% des conducteurs cyclomotoristes et 97% des conducteurs de moto. Les femmes victimes de la route sont plus souvent passagères. Ainsi, 63% des femmes décédées l’an dernier étaient passagères d’un motard, 48% se trouvaient à bord d’une voiture conduite par un homme et 40% étaient passagères sur un cycle. La mortalité piétonne est également plus forte chez les hommes (64%). Sur ce point, l’ONISR précise qu’il s’agit souvent de personnes fortement alcoolisées. Pour ce qui est des piétons blessés, la répartition se fait à part relativement égale entre les hommes et les femmes. Le profil type de la victime de la route est donc plutôt un homme qui se situe dans la tranche d’âge 25-44 ans et conduit un véhicule de tourisme.

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