Ce que proposent les candidats à l'élection présidentielle

10/04/2017 Réglementation
Réglementation Ce que proposent les candidats à l'élection présidentielle Quelle politique de sécurité et d’éducation routières pour demain ? Nous avons posé la question, à la veille du premier tour de l’élection présidentielle, aux cinq candidats annoncés en tête dans les sondages. Si Marine Le Pen (Front national), Emmanuel Macron (En Marche !) et Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise) nous ont répondu favorablement, Benoît Hamon (Parti socialiste) et François Fillon (Les Républicains) n’ont quant à eux pas donné suite, malgré nos sollicitations.

Le coût du permis de conduire
Sur la question de l’accès au permis de conduire, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont unanimes, la formation à l’apprentissage de la conduite est trop chère. Pour lever ce frein à la mobilité, la candidate du Front national propose « que le passage de l’examen théorique du Code de la route soit intégré dans le cursus scolaire ». Cette mesure, qui prévoit la gratuité de la préparation et du premier passage pour l’élève, pourrait mettre fin à la privatisation de l’ETG, engagée en juin 2016.
Jean-Luc Mélenchon, lui, souhaite instaurer la création d’un service citoyen obligatoire, lequel « inclura notamment la formation gratuite à la conduite et le passage de l’examen du permis de conduire », indique Charlotte Girard, co-responsable du programme de la France insoumise, au nom de l’ancien président du Parti de gauche. Dans ce dispositif, « la place des enseignants et des auto-écoles devra être étudiée », précise-t-elle.
De son côté, Emmanuel Macron est plus pondéré. Constatant que le prix moyen d’une formation est « d’environ 1 400 euros, soit le prix moyen en Europe », il estime que « en soi, la formation n’est donc pas trop coûteuse en moyenne, d’autant qu’il faut bien considérer le fait qu’une bonne formation est d’abord un enjeu de sécurité, pour le candidat comme pour la société. Il n’en demeure pas moins que la forte variabilité des prix a encore trop souvent pour corollaire que le permis est hors de portée pour certains de nos concitoyens ». C’est pourquoi Emmanuel Macron souhaite que la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques « que j’ai eu l’honneur de porter, enregistre rapidement des progrès, car c’est un facteur déterminant de confiance pour les jeunes ». Par ailleurs, il lui semble important «de poursuivre le financement public du permis de conduire pour ceux qui en éprouvent le besoin. Il convient que l’engagement des collectivités territoriales à cet égard se voit renforcé ».

Les délais d’attente à l’examen pratique
Là aussi, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon tombent d’accord. Ils jugent que les délais d’attente entre deux passages à l’examen pratique sont encore trop longs, malgré une décrue significative. Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon expriment tout deux leur souhait d’augmenter le nombre d’inspecteurs et refusent tout recours à des opérateurs privés pour organiser l’examen, à l’image de l’externalisation de l’ETG.
Même s’il se félicite que la loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques a « permis de réduire le délai d’attente à l’examen pratique », Emmanuel Macron n’exclut pas quant à lui de confier l’organisation du permis à des opérateurs privés si les délais ne poursuivent pas leur décrue. « Le débat pourrait être à nouveau ouvert pour le permis B, mais cela ne saurait se faire que de manière concertée et sous le contrôle étroit de l'Etat », précise-t-il.

Les auto-écoles en ligne
Quel avenir pour les auto-écoles en ligne ? Dans l’ensemble, les candidats restent vagues sur le sujet. Marine Le Pen estime qu’elles ont « l’avantage d’offrir une formation plus flexible et souvent moins chère », tout en déclarant qu’il faut « s’assurer qu’elles répondent aux mêmes exigences que les auto-écoles traditionnelles en termes de formation ».
Emmanuel Macron constate que « le développement du numérique transforme la société française » et « correspond à une attente de la population, en particulier des jeunes, qui ont baigné dans cette culture ». Selon lui, les auto-écoles en ligne « encouragent l’amélioration des services offerts » et « stimulent la modernisation du secteur ». Cependant, il reconnaît qu’elles « doivent bien entendu respecter les mêmes règles que les autres », notamment en termes de social, de qualité et de transparence.
Jean-Luc Mélenchon, lui, explique simplement que « l’intérêt du déploiement des auto-écoles numériques en ligne devra être étudié ».

La sécurité routière
Les candidats ont longuement détaillé leurs propositions pour infléchir la courbe de la mortalité routière, en hausse en 2016 pour la troisième année consécutive.
Marine Le Pen, qui insiste sur la lutte contre l’alcool, les stupéfiants et le téléphone au volant, veut par exemple généraliser l’éthylotest anti-démarrage, étendre le droit à la déconnexion au téléphone portable pour les salariés en mission professionnelle et sensibiliser les deux-roues à l’usage des clignotants et des feux de signalisation. Elle suggère également de poser un moratoire « sur l’installation de tout nouveau radar et de mener un audit sur les radars existants » et de « supprimer le retrait de points et de réduire le montant des contraventions pour les excès de vitesse inférieurs à 10 km/h ».
Emmanuel Macron veut « tenir l’objectif de passer sous la barre des 2 000 morts par an ». Pour y parvenir, il considère que « la première des conditions est de nature institutionnelle : la politique de sécurité routière doit retrouver son caractère interministériel pour concilier la répression, la prévention, le travail sur les infrastructures et les véhicules ». Il estime par ailleurs que « l’éducation routière doit rester un élément fondamental de cette politique publique » avec « des actions ciblées en faveur des usagers les plus vulnérables, notamment les deux roues et les piétons ». Mais il entend également poursuivre le déploiement de nouveaux radars et « condamner avec la plus grande sévérité les infractions les plus dangereuses, par exemple la consommation excessive d’alcool ou le fait de téléphoner au volant ».
Jean-Luc Mélenchon, lui, souhaite notamment amplifier les campagnes de prévention à l’école, augmenter les crédits alloués à la prévention hors cycle scolaire, développer les outils de prévention notamment avec la réalité virtuelle et les simulateurs et mettre en place des campagnes de prévention concernant les drogues et l’alcool. Il entend aussi étudier la possibilité de brider les véhicules autour de 130 km/h, diminuer le nombre de camions sur les routes, en développant massivement le ferroutage, et évaluer la possibilité d’utiliser des radars plus pédagogique et plus efficaces.

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