Deux-roues : les ventes et les formations ont explosé en juin !
01/10/2020 Économie/EntrepriseÀ l’instar de la voiture, le secteur du deux-roues a bénéficié d’un effet déconfinement que ce soit en termes de ventes de machines chez les concessionnaires ou de demandes de formations en moto-école.
Mi-juillet, AAA DATA, spécialiste de la collecte de données, notamment dans le secteur de l’automobile, a publié les chiffres des immatriculations des deux-roues pour le mois de juin 2020. Des chiffres en explosion par rapport à juin 2019. En effet, les immatriculations de véhicules neufs sont en augmentation de 38 % avec 40 740 inscriptions de véhicules neufs et de 50 % pour l’occasion avec 107 534 immatriculations de deux-roues d’occasion. Plus précisément, les cyclomoteurs électriques (deux-roues ou trois-roues motorisés de petite cylindrée inférieure ou égale à 50 cm3) remportent un beau succès avec une hausse de 89 % des immatriculations dans le neuf et de 62 % dans l’occasion. Mais ils ne constituent qu’une part peu importante de l’ensemble des immatriculations de deux-roues. L’essentiel des ventes porte sur des machines à motorisation thermique. Et plus de 50% des acheteurs (de neuf comme d’occasion) sont âgés de plus de 40 ans.
Des offres commerciales très attractives
Pour Thierry Le Pallec, exploitant de la moto-école 100 % Moto à Bouillargues, dans le Gard, l’explosion des ventes s’explique par plusieurs paramètres. D’une part, « les ventes ont été stoppées pendant le confinement et lors du déconfinement, ceux qui avaient le projet d’acheter une moto, l’ont fait à ce moment-là ». D’autre part, « pour écouler leurs stocks, les concessionnaires n’ont pas hésité à casser les prix ».
Une trop forte demande de formations
Cette augmentation des ventes se traduit-elle par une demande accrue de formations en écoles de conduite ? Indiscutablement. « On n’arrive pas à répondre à toutes les demandes ! », confie Thierry Le Pallec. Même constat pour Pascal Augé, exploitant de l’école de conduite CER Bobillot, à Paris dans le 13ème arrondissement. « Pendant le confinement, beaucoup de gens ont eu le temps de réfléchir à ce qu’ils aimeraient faire dans la vie. Certains ont décidé de changer de métier ; j’ai l’exemple avec un de mes enseignants. Et d’autres ont décidé de passer le pas pour des projets qu’ils remettaient éternellement à plus tard. C’est le cas pour le permis moto. » Ce que confirme Roxane Gandolfo, chargée de communication de l’auto-école EC40, à Saint-Vincent-de-Tyrosse, dans Les Landes : « Nous sommes débordés ! L’intérêt pour le deux-roues est en forte progression. On sent bien l’effet du confinement, avec une demande pour la passerelle A2 vers A car les gens veulent se faire plaisir après avoir été cloîtré chez eux pendant deux mois ». Mais la demande est surtout très forte en 125 cm3 et en AM. « Dans ce cas, reprend Roxane Gandolfo, c’est plus pour répondre à un besoin de mobilité. En deux-roues, on se déplace plus rapidement et l’on se gare plus facilement. Dans la région, c’est très pratique pour aller à la plage, par exemple. » En région parisienne et dans les grandes agglomérations, le premier argument avancé est plutôt lié au coronavirus. « Beaucoup de personnes qui viennent en formation chez nous, explique Pascal Augé, le font pour éviter de devoir prendre les transports pour aller travailler. Il y a chez certains, une vraie peur de contracter le virus dans les transports. Alors qu’en deux-roues, ils se sentent en sécurité. »
Un nombre suffisant de places d’examens ?
À l’instar de la catégorie B, l’offre en places d’examens pour la catégorie A varie d’un département à l’autre. Si certains s’en sortent plutôt correctement, la situation est nettement plus tendue pour d’autres. C’est le cas à Paris, où « il y avait déjà des problèmes avant le confinement, affirme Pascal Augé. Et à la sortie du confinement, ça a empiré. Au début, les élèves étaient compréhensifs car on expliquait la situation en parlant du confinement. Mais à partir de fin juin, ils n’ont plus accepté cette excuse. Résultat, si un élève vient s’inscrire uniquement pour la circulation, nous ne le prenons pas car il vient juste chercher une place d’examen. » Dans les Landes, c’est aussi compliqué, « heureusement, souligne Roxane Gandolfo, « la déléguée est top ! On sent que l’administration est à l’écoute et fait tout ce qui est en son pouvoir pour trouver des solutions ».
Un phénomène ponctuel ?
Reste à savoir si cette forte demande pour les formations deux-roues va durer dans le temps. Pour Patrice Bessone, exploitant de l’Auto Moto Bessone La Seynoise, à La Seyne-Sur-Mer, dans le Var, qui a décidé de ne pas prendre de vacances cet été pour se consacrer entièrement à son activité professionnelle, c’est un phénomène ponctuel. « Début août, l’activité moto a commencé à diminuer. Il est vrai qu’en août, beaucoup de gens sont partis en vacances. On verra si l’activité moto reprend aussi intensément en septembre, mais j’en doute. » Même analyse pour Thierry Le Pallec : « Cette explosion des ventes de deux-roues et de demandes de formations risque de ne pas s’inscrire dans la durée. Avec le confinement, tout a été décalé. C’est véritablement en fin d’année que l’on fera les comptes ».