Hausse du prix des carburants : comment réduire la facture ?
01/01/2022 Automobile/ÉquipementsPour faire face à la hausse des prix du carburant, certaines auto-écoles ont décidé d’augmenter leurs tarifs. Mais d’autres pistes sont à étudier pour réduire l’impact de cette augmentation.
La flambée des prix à la pompe est loin d’être neutre pour les écoles de conduite. En moyenne, les carburants ont augmenté de 30 %. Or, ce poste représente près de 10 % des charges des auto-écoles. Un pourcentage supérieur pour les formations poids lourd où les consommations sont plus élevées. « Cela va fortement impacter les bénéfices, quand il y en a… », constate Patrick Crespo, président du réseau CER. « Cette hausse nous frappe de plein fouet alors que la situation économique des auto-écoles n’est pas glorieuse », se désole-t-il. « Nous avons été sous perfusion en 2020 et nous allons devoir rembourser les PGE. » À cela s’ajoute la revalorisation des salaires pour attirer de nouveaux enseignants.
Répercuter la hausse sur les tarifs
L’augmentation des prix du carburant est qualifiée de « colossale » par Patrice Bessone, président du CNPA-ESR. C’est pourquoi les organisations professionnelles conseillent à leurs adhérents d’augmenter leurs tarifs. Mais la concurrence des plateformes en ligne freine certains gérants. « Ils courbent un peu le dos en espérant que le gouvernement apportera des aides », explique Patrick Crespo. Et puisent en attendant dans leur trésorerie. « J’ai du mal à comprendre cette attitude », note Philippe Colombani, président de l’UNIC. « Quand le prix de la farine augmente, le boulanger augmente celui du pain. Les auto-écoles doivent agir de même ! Et si les clients ne sont pas contents, qu’ils appellent Bercy ! », s’énerve-t-il un peu. Globalement, les établissements qui ont décidé de répercuter cette hausse, ont augmenté leurs tarifs de 2 à 3 %. Des augmentations plus difficiles à facturer pour les groupes lourds où les prix sont généralement fixés à l’année par des contrats-cadres.
Utiliser davantage le simulateur de conduire
Cette envolée des prix des carburants incite également à recourir de façon plus importante aux simulateurs de conduite, notamment pour l’étape 1. Cependant, « ce recours est aussi lié à la pénurie des enseignants », nuance Bruno Garancher, président d’ECF.
Investir dans des véhicules électriques
Autre solution pour réduire la facture de carburant : utiliser des véhicules électriques en début de formation. En effet, les débutants consomment plus que les confirmés. « Certaines écoles de conduite n’utilisent leurs véhicules thermiques qu’en fin de formation », observe Bruno Garancher. Pour aider les auto-écoles à « verdir » leur parc et accélérer leur digitalisation, le gouvernement et BpiFrance vont instaurer en janvier 2022 un prêt à taux zéro. À cet effet, le CNPA-ESR, l’UNIC et l’UNIDEC se sont engagés à accompagner la profession dans cette transition énergétique. Et cela, même si dans la majeure partie des cas, les écoles de conduite optent pour des solutions de location avec option d’achat. Ce n’est pas un souci affirme Patrice Bessone : « Ce prêt s’inscrit dans cette démarche. Il permettra d’utiliser une voiture et de ne la rembourser qu’au bout de deux ans ». Philippe Colombani estime pour sa part que « toute aide est bonne à prendre ». Il relativise néanmoins son impact : « actuellement, 75 % du parc automobile français est constitué de véhicules dotés d’une boîte mécanique. Les élèves veulent apprendre sur ce type de voiture pour pouvoir ensuite utiliser celle de leurs parents. » « Il faut vraiment passer à l’électrique et à la boîte automatique. C’est le sens de l’histoire », affirme Patrick Mirouse, président de l’UNIDEC. « Ce qui », reconnaît-il malgré tout, « n’est pas facile car les prix de ces véhicules sont encore très élevés. » Autre frein : le manque de bornes de recharge. Selon le dernier baromètre d’AVERE France publié en octobre 2021, la France ne comptait que 49 914 bornes accessibles au public. Enfin, la pénurie mondiale des semi-conducteurs engendre des retards considérables dans la fabrication de véhicules neufs et comme le souligne Patrick Mirouse, quelle que soit la motorisation choisie : « Actuellement, c’est la croix et la bannière pour commander une voiture ! ».
Christine Cabiron
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Étendre le chèque carburant aux lycéens
Pour limiter l’impact auprès des élèves, le CNPA a proposé en octobre 2021 à Alain Griset, alors ministre des PME, d’étendre le chèque carburant de 100 euros aux lycéens qui passent leur permis. Actuellement ils « échappent » à ce coup de pouce car ils ne sont ni étudiants, ni boursiers. « La raison d’être des auto-écoles de proximité - notre RSE - est de défendre nos élèves. Nous trouvons injuste que ces jeunes-là passent sous les radars de cette aide gouvernementale », explique Patrice Bessone, président du CNPA-ESR. Selon lui, il suffirait de les identifier via le fichier de l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS).