Réforme du permis : Christophe Castaner en opération de communication

01/08/2019 Réglementation
Réglementation Réforme du permis : Christophe Castaner en opération de communication

Le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, s’est rendu dans le centre d’examen du permis de conduire de Mainvilliers, en Eure-et-Loir, vendredi 19 juillet, pour annoncer la mise en place de trois des dix mesures de la réforme du permis de conduire. Une mission d’information et une opération de communication en présence de nombreux médias.

À la veille des grands départs en vacances, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner avait convoqué la presse pour annoncer l’entrée en vigueur de trois des dix mesures prévues dans la réforme du permis de conduire présentée le 2 mai &nbp;dernier, lors de la visite d’un centre de formation des apprentis, en Vendée, avec le Premier ministre, Édouard Philippe. Après la mise en place en juin du Module « Code de la route » dans le cadre du Service national universel (SNU), le ministre de l’Intérieur a informé les Français par l’intermédiaire des médias, de l’entrée en vigueur du passage de l’examen pratique dès 17 ans pour les jeunes en conduite accompagnée, de la réduction du délai exigé pour suivre la formation sur boîte manuelle après l’obtention du permis sur boîte automatique et de l’extension du nombre d’heures de formation sur un simulateur.


Passage de la pratique dès 17 ans pour les AAC
Ainsi, les candidats ayant choisi le cursus de la conduite accompagnée peuvent désormais passer l’examen pratique dès 17 ans. S’ils obtiennent le permis, ils devront cependant attendre d’avoir 18 ans pour avoir le droit de prendre le volant seul. En effet, tant qu’ils ne seront pas majeurs, les jeunes conducteurs devront continuer à conduire en présence d’un accompagnateur. Cette mesure en vigueur depuis le 22 juillet 2019 (arrêté paru au Journal Officiel le 19 juillet 2019) vise notamment, selon le gouvernement, à permettre aux jeunes de ne pas cumuler le stress du passage de l’examen pratique avec celui des examens du Baccalauréat.

La conversion du permis « boîte auto » en « boîte manuelle » facilitée
Deuxième mesure entrée en application le 22 juillet 2019 (arrêté paru au Journal Officiel le 19 juillet 2019) : afin d’encourager la formation sur un véhicule à boîte automatique dont le nombre d’heures obligatoires est de 13 heures au lieu de 20 heures pour une formation sur boîte manuelle, l’État a décidé de réduire à trois mois au lieu de six, le délai exigé après l’obtention du permis B pour suivre la formation permettant aux titulaires d’un permis B limité à la boîte auto, de conduire un véhicule à boîte manuelle.

La conduite sur simulateur encouragée
Enfin, depuis le 19 août 2019, il est possible d’effectuer 10 heures de formation et non plus 5 heures sur un simulateur de conduite, dans le cadre des 20 heures de formation minimum. Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière, qui avait également fait le déplacement, a précisé à cette occasion que ces 10 heures de formation sur simulateur n’étaient pas obligatoires, mais seulement une possibilité donnée aux écoles de conduite. Le but étant de faire baisser le coût de la formation. Par ailleurs, l’arrêté du 16 juillet 2019 paru au Journal Officiel du 18 août 2019, précise que pour la formation sur boîte automatique, « le volume de treize heures comporte un volume d’au moins dix heures sur les voies ouvertes à la circulation, qui peut être réduit à sept heures lorsqu’est utilisé un simulateur d’apprentissage de la conduite doté d’un poste de conduite, sous la responsabilité pédagogique et en présence d’un enseignant de la conduite et de la sécurité routière ». En d’autres termes, cela suppose que sur les treize heures obligatoires, six peuvent être faites sur simulateur et non pas dix comme c’est le cas pour la formation sur boîte manuelle.

Table ronde sur le permis de conduire
Au-delà de la présentation de ces nouvelles mesures, le déplacement du ministre de l’Intérieur a été l’occasion de faire une opération de communication. En effet, Christophe Castaner a participé à une table ronde sur le permis de conduire en présence de Sophie Brocas, préfète d’Eure-et-Loir, de Françoise Dumas, députée du Gard et co-auteur du rapport parlementaire sur la réforme du permis de conduire et d’Emmanuel Barbe, mais aussi de jeunes passant l’examen pratique ou venus témoigner de leur expérience en conduite accompagnée, en conduite supervisée, etc. Des témoignages toujours très positifs qui ont été contrebalancés par l’intervention de quelques gérants d’écoles de conduite de proximité venus expliquer les difficultés rencontrées par la profession.

Les limites du simulateur
Olivier Goulay, gérant d’une école de conduite à Lèves (28) et président départemental du CNPA-ER pour l’Eure-et-Loir, a fait part de son expérience de l’utilisation d’un simulateur de conduite, dont deux modèles ont été présentés au ministre par Stéphane Develter et Jean Menu, D-g de The Good Drive. Mais s’il trouve le simulateur intéressant pour effectuer l’évaluation et les premières leçons portant sur la prise en main d’un véhicule, il estime que les cinq heures actuellement autorisées dans le cadre d’un forfait 20 heures « sont largement suffisantes ». Passer à « 10 heures, c’est trop car d’un point de vue pédagogique, on n’aura pas assez de temps pour travailler en voiture ». L’utilisation du simulateur a ses limites. Encore faut-il avoir les moyens d’investir dans ce type d’outil, a souligné un autre gérant venu avec son élève qui passait l’examen pratique le jour même. « Mon école de conduite est une petite structure, je travaille seul avec mon épouse. Comment voulez-vous que j’investisse dans un simulateur, monsieur le ministre ? » L’occasion pour Christophe Castaner de rappeler que l’État a prévu de mettre en place une mesure fiscale, sous la forme de suramortissement.

En finir avec les effets d’annonces dévastateurs
Pour sa part, Cécile Couturier, présidente du groupe Couturier basé à Dreux, a pris la parole pour sensibiliser le ministre sur la difficulté de former correctement des jeunes en peu de temps. Certes le gouvernement veut que l’on puisse obtenir le permis plus rapidement, mais dans la profession depuis 35 ans, Cécile Couturier constate que « les jeunes sont très assistés. Et l’on a des difficultés pour les faire grandir en très peu de temps car pour cela, il faut agir sur les comportements ». La présidente du groupe Couturier a également profité de l’occasion que la parole lui était donnée pour alerter le ministre sur les effets d’annonces du gouvernement dévastateurs pour les écoles de conduite de proximité. « Notre profession est dans l’œil du cyclone depuis trois ans et entre les changements de gouvernements et les erreurs de communication à répétition, on se retrouve confrontés à l’immobilisme. D’un seul coup, les jeunes ne viennent plus s’inscrire. Ils attendent que le permis soit moins cher et plus rapide… En attendant, nous avons des PME à faire tourner. Nous ne pouvons plus avoir de vision à long terme pour prendre des décisions de gestion de nos entreprises. Et je ne parle pas des établissements qui ont dû mettre la clef sous la porte. » Sur ce point, Christophe Castaner a écouté courtoisement mais n’a pas apporté de réponse. 

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