Permis B : Les délais d’attente à l’examen poursuivent leur décrue

01/09/2016 Formations/Examens
Formations/Examens Permis B : Les délais d’attente à l’examen poursuivent leur décrue Estimés à 98 jours en 2013, les délais d’attente pour repasser l’examen pratique du permis B se chiffraient à 67 jours en moyenne au mois de mai. Une bouffée d’oxygène pour les auto-écoles et les candidats.

Le gouvernement en a fait son cheval de bataille. En juin 2014, dans le cadre de la réforme du permis de conduire, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve a présenté une série de mesures pour lutter contre les forts délais d’attente, qui paralysaient la profession et les candidats. Résultats, des retraités de la gendarmerie et de la police et d’autres agents publics ont renforcé les effectifs pour surveiller les épreuves théoriques, afin de réaffecter des inspecteurs sur l’épreuve de la conduite, et le temps d’examen a été réduit de 35 minutes à 32 minutes. Un inspecteur peut ainsi faire passer 13 candidats par jour au lieu de 12. Au total, ces mesures auraient permis de libérer 255 000 places d’examen supplémentaires. Les délais d’attente sont passés de 84 jours à 67 jours en moyenne, entre mai 2015 et mai 2016, alors qu’ils plafonnaient à 98 jours en 2013. Dans certains départements, les délais ont même fondu de manière spectaculaire. Dans les Deux-Sèvres, par exemple, ils ont chuté de 34 jours entre mai 2015 et mai 2016, pour tomber à 55 jours. Dominique Chataigner, de l’auto-école Chataigner, à Niort, reconnaît que ces mesures lui ont donné de l’air. « On le ressent au quotidien. Ces délais sont raisonnables et ils nous permettent d’avoir le temps de préparer les élèves entre deux passages. » Même si la vue d’ensemble s’est dégagée, les chiffres sont encore inégaux selon les territoires. Ainsi, en mai 2016, la Vendée affichait le délai d’attente le plus faible (40 jours), suivie de peu par la Meuse (42 jours) et la Haute-Marne (43 jours), alors que les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne enregistraient le délai le plus long (101 jours), devant la Seine-Saint-Denis (94) et Paris (91).

Le nœud parisien
À l’exception de l’Ariège, où les délais d’attente sont estimés à 84 jours malgré une baisse de 30 jours depuis 2015, les zones les plus saturées se situent en Ile-de-France. Les départements franciliens, eux aussi, ont amorcé une décrue significative. Rien qu’en un an, entre mai 2015 et mai 2016, les délais ont chuté de 50 jours en Seine-Saint-Denis, de 36 jours en Seine-et-Marne ou encore de 35 jours dans le Val-de-Marne. Mais la situation reste critique. Le gouvernement en a fait sa priorité. Pour gommer les lourdeurs d’attente, 120 inspecteurs du permis formés depuis 2014 dans le cadre des promotions annuelles (dont 36 agents de La Poste) ont fait l’objet de recrutements spécifiques pour venir renforcer les effectifs existants, tout comme une promotion exceptionnelle de 25 inspecteurs, qui opère depuis octobre 2015. Pour Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la sécurité routière, « les effets bénéfiques des réformes se ressentent sur l’ensemble du territoire. Il n’existe plus de problème d’attente, à l’exception de l’Île-de-France ». La situation francilienne pourrait s’éclaircir avec l’externalisation de l’examen théorique général, effective depuis le 13 juin dernier. Cette mesure, qui vise à soulager les inspecteurs en confiant l’organisation et la surveillance des épreuves à des prestataires privés, devrait générer près de 142 000 places supplémentaires.

Dans l’attente de l’externalisation
Jean-Louis Bouscaren, le président de l’Unidec, estime « que l’on ne ressentira les effets de l’externalisation de l’ETG qu’à partir de la fin du mois d’octobre ». En attendant, certains départements connaissent encore des difficultés. Dans le Tarn, par exemple, le délai d’attente a augmenté de huit jours entre mai 2015 et mai 2016. « On souffre d’un délai d’attente beaucoup trop long. Il faut patienter près de deux mois pour qu’un élève puisse se représenter », s’exaspère Florent Verges, responsable de l’École de conduite tarnaise, à Albi. Il évoque toutefois un contexte local particulier. « Plusieurs auto-écoles ont ouvert récemment. Il existe une concurrence très forte. » La privatisation ne devait pas débuter avant le mois de septembre dans le département. Une fois qu’un opérateur privé sera installé, Florent Verges espère « que des places d’examen pourront être libérées ».

« Le ressenti est positif »
Dans l’ensemble, les syndicats saluent ces bons chiffres. « Le ressenti est positif », admet Philippe Colombani, le président de l’Unic. Des résultats d’autant plus satisfaisants qu’ils ne seraient pas influencés par des facteurs externes, comme une évolution du nombre d’inscriptions ou du taux de réussite à l’examen. « Vu le contexte économique, il n’y a pas de décollage des inscriptions. Quant aux taux de réussite, il varie peu depuis plusieurs années, estime Patrice Bessone, président du CNPA-ER. Il dénonce toutefois « une baisse de la production des places pratiques au mois de juillet, en raison du départ en vacances des inspecteurs, nous a-t-on expliqué ». Cap désormais sur 2017, où les délais d’attente devraient continuer de chuter, pour tomber à 45 jours, selon les promesses du gouvernement. « Un objectif atteignable, juge Patrice Bessone, si l’externalisation se développe correctement. » Affaire à suivre.

À LIRE AUSSI