Comportements agressifs : un risque toujours présent

01/03/2015 Sécurité routière
Sécurité routière Comportements agressifs : un risque toujours présent Violences physiques ou verbales, menaces, incivilités… Sans parler de forte recrudescence, les auto-écoles sont parfois les victimes de comportements agressifs de la part de leur clientèle.

Si les inspecteurs du permis de conduire sont « protégés » par l’annonce différée du résultat (ADR), même si cela n’empêche pas parfois les heurts avec les candidats, les enseignants de la conduite ne sont pas à l’abri des agressions, incivilités, insultes, voire violences physiques. Crise économique, délais d’attente pour passer l’examen, mauvaise image des auto-écoles… ne facilitent il est vrai pas les relations entre écoles de conduite et élèves.

Vague d’agressions dans le Morbihan
Début 2015, cette tendance a notamment touché certains établissements du morbihannais. Albert-Jean Gagnaire, gérant de l’auto-école Keryado Conduite (Lorient), témoigne. « Bien sûr cela n’arrive pas tous les jours, mais malgré tout de plus en plus régulièrement. Les candidats veulent passer le permis le plus vite possible, même lorsqu’ils ne sont pas prêts. Lorsqu’ils échouent, ils ont l’impression d’avoir dépensé de l’argent pour rien, à la différence des biens de consommation (téléphone mobile, etc.), qu’ils peuvent utiliser dès l’achat effectué. D’où parfois des insultes, des crachats… Un élève a même mis mon bureau sens dessus-dessous sur un coup de colère ! Les écoles de conduite souffrent d’une mauvaise image, véhiculée par les médias. » En cas de comportement agressif, Albert-Jean Gagnaire n’hésite pas à appeler immédiatement la police, ce qui se révèle le plus souvent dissuasif. Un moniteur d’un autre établissement, qui préfère rester anonyme, a déposé plainte au commissariat après avoir reçu des menaces de mort. Pour sa part, Florence Duvivier, enseignante à l’École de conduite morbihannaise (Lorient) a trouvé une solution pour limiter les dégâts. « Nous nous servons de la messagerie de Printel pour signaler à nos collègues les clients les plus agressifs. Ainsi, s’ils quittent une auto-école, ils auront des difficultés à en trouver une autre dans le département. Il ne s’agit pas de répression mais simplement d’une mesure de solidarité entre moniteurs. » Pourtant, selon les syndicats d’auto-écoles, il ne semble pas que d’une manière générale les agressions aient augmenté de manière spectaculaire. Néanmoins, Pierre Talon, président de la FNEC, relève quelques cas où les élèves semblent avoir été « remontés » par leurs parents afin de mettre la pression sur leur auto-école. Sur la page Facebook de La Tribune des Auto-Écoles, plusieurs enseignants ont témoigné sur le sujet. Si très peu d’entre eux ont été agressés physiquement, ils sont nombreux à avoir subi des insultes et des menaces verbales. Les comportements varient beaucoup d’une agence sur l’autre, selon les quartiers. Stef Berldau, qui enseigne dans un établissement marseillais, indique que « les comportements agressifs sont monnaie courante à Marseille. C’est pour cela que j’ai quitté les quartiers Nord pour enseigner dans les quartiers Sud, légèrement plus calmes ! ».

Se méfier des a priori
Par contre, Sarah Mauboussin, monitrice en Seine-Saint-Denis, souligne que même si elle travaille près d’un quartier réputé pour sa délinquance, elle n’a rencontré « aucun problème, ni aucune insulte. Les élèves se montrent très respectueux, comme quoi il faut se méfier des a priori ». L’enseignante regrette par contre « les incivilités de la part des usagers de la route ». Enseignant à Villeneuve d’Asq (Nord), Alfredo Calvo reconnaît avoir « quelques soucis avec certains parents qui pensent tout connaître de la profession, mais sans gravité désobligeante. Par contre, en moto il n’y a aucun problème car les élèves sont motivés ». Enfin, Guillaume Gammeri, de l’auto-école Berthelot 37 (Lyon), a trouvé la solution en cas de comportement agressif. « Tout dépend de la manière de répondre aux clients. Bien souvent, rester calme quoi que disent les clients fonctionne très bien. En gardant le sourire et en faisant preuve d’un peu d’humour, ça passe tout seul ! ».

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