Carte interactive des auto-écoles : certains points coincent encore…

01/02/2022 Économie/Entreprise
Économie/Entreprise Carte interactive des auto-écoles : certains points coincent encore…

La DSR finalise une carte interactive qui recense les auto-écoles françaises. Elle prévoit d’y faire figurer les auto-écoles en ligne et le taux de réussite des établissements. Ce qui crée des crispations.

Les organisations professionnelles sont plutôt favorables à la création par l’État d’une carte interactive recensant les auto-écoles françaises. Une mesure destinée à accroître la transparence et permettre aux candidats de trouver en quelques clics une auto-école de proximité. Cette initiative a été actée en 2019 par Édouard Philippe, alors Premier ministre, dans le cadre de la réforme du permis. « Nous avons pris beaucoup de retard », reconnaît Thierry Monchâtre, du bureau de presse de la DSR.

Le problème de la représentation des auto-écoles en ligne
Initialement, il s’agissait de faire figurer sur cette carte les auto-écoles labellisées. « Une bonne initiative », selon Patrice Bessone président de Mobilians-ESR (nouvelle appellation du CNPA-ESR). Tout ce qui représente le maillage des auto-écoles de proximité est positif ». Sauf qu’entre temps, il a été envisagé d’y adjoindre celles en ligne. « Cela a créé un point de crispation », déclare Sandra Carasco, déléguée UNIC pour les départements des Landes et de la Gironde en charge du suivi de ce dossier. « Les auto-écoles en ligne voulaient être localisées là où elles fixent des rendez-vous et où elles font passer l’examen. C’est-à-dire partout en France ! ». Pas question donc d’accepter sous cette forme leur représentation. « Nous avons proposé de les lister en marge », indique Sandra Carasco. Une proposition qui, pour l’instant, n’a pas reçu d’écho de la part du ministère. Pour sa part, Benjamin Gaignault, co-fondateur d’Ornikar, propose que soit créée une seconde carte sur laquelle figureraient les auto-écoles en ligne. « Je pense qu’il est incompatible de faire apparaître sur une même page les auto-écoles traditionnelles et celles en ligne ». C’est pourquoi, il suggère qu’il y ait deux onglets sur le site du ministère qui renvoient chacun à deux cartes distinctes. « Nous avons proposé cette solution à la DSR car cela aurait permis une représentativité équitable des acteurs de l’enseignement de la conduite. Mais il semble que la DSR ait des problèmes d’audition », tacle Benjamin Gaignault, qui redoute « une concurrence déloyale » si ce site venait à être très consulté. « Les candidats n’iront pas vérifier s’il existe une auto-école en ligne rattachée à un centre d’examen ». Si ce cas de figure se généralise, le co-fondateur d’Ornikar prévient qu’il « portera l’affaire devant l’autorité de la concurrence ».

L’affichage du taux de réussite fait polémique
Autre point de crispation : l’affichage des taux de réussite. « Nous l’envisageons, mais ça n’a pas encore été validé. Si cela doit se faire, ce sera à partir du moment où RdvPermis sera totalement déployé », précise Thierry Montchâtre. Cette idée a créé un consensus en sa défaveur. En cause : les disparités qu’il existe entre les départements. « Nous y sommes opposés », affirme Sandra Carasco. « Pour qu’une telle information soit révélatrice, il faut qu’elle soit associée au nombre de permis passés dans le secteur, au nombre d’heures d’enseignement, au taux de réussite par centre d’examen et par inspecteurs. Nous savons qu’il y a un écart de 30 % d’un IPSR à l’autre. » Ainsi, une auto-école qui passerait en permanence avec le même inspecteur dont le taux de réussite est faible serait désavantagée. Tout comme celle implantée dans une agglomération où la circulation est dense par rapport à une autre située en milieu rural où les difficultés sont moindres. Enfin, les établissements installés dans les quartiers socialement défavorisés enregistrent des taux de réussite plus faibles. « Non pas parce qu’elles travaillent mal, mais parce que leurs élèves ont plus de difficultés pour obtenir le permis », rappelle Patrice Bessone. « Il faudra donc que ces chiffres soient pondérés. » De son côté, Bruno Garancher, président d’ECF, rappelle que « les jeunes s’inscrivent dans nos établissements pour leur proximité, l’accueil, les services. Ces éléments comptent largement autant que le taux de réussite ». Enfin, il est également envisagé d’indiquer sur cette carte les tarifs des établissements. « Il ne s’agit pas d’un site marchand ! Par conséquent les tarifs ne doivent pas y figurer », insiste Sandra Carasco. « D’autant plus que chaque auto-école a un site Internet où figurent ces informations. »

Quid des mises à jour ?
En résumé, Bruno Garancher estime que « cette carte a le mérite d’exister ». Mais il émet de sérieuses réserves quant à sa mise à jour. « Je doute que l’État ait le temps, les moyens et les capacités de mettre à jour les données en temps réel, notamment au cas où une auto-école perdrait son agrément pour fraude, par exemple. » Benjamin Gaignault, s’interroge aussi sur la capacité de l’État « à produire des logiciels efficaces et lisibles. La démarche est bonne, la réalisation l’est moins ». Patrice Bessone est plus expectatif : « il faudra voir à l’usage ».

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