Apprentissage à titre non-onéreux : proposer ou non la formation aux accompagnateurs ?

26/01/2014 Formations/Examens
Formations/Examens Apprentissage à titre non-onéreux : proposer ou non la formation aux accompagnateurs ? La formation obligatoire pour les accompagnateurs des candidats se formant sur un véhicule à doubles commandes peut être dispensée par les auto-écoles. Reste à savoir si ces dernières sont prêtes à jouer le jeu.

Entré en vigueur le 1er octobre 2013, l’arrêté du 16 juillet 2013 pour les accompagnateurs des candidats au permis de conduire se formant sur un véhicule à doubles commandes impose une formation obligatoire de 4 heures (1 h de théorie et 3 h de conduite axée sur l’utilisation des doubles commandes). L’accompagnateur doit être titulaire de la catégorie de permis de conduire exigée pour la conduite du véhicule utilisé depuis au moins 5 ans sans interruption, et d’une attestation certifiant qu’il a suivi la formation obligatoire le préparant à assurer cette fonction, valable 5 ans. Cependant, la limitation à 3 du nombre de candidats pouvant être formés par un même accompagnateur a été suspendue par le Conseil d’État. Ce dernier a estimé que « l’exécution de l’arrêté est susceptible de porter atteinte à la situation des sociétés requérantes pratiquant la location de véhicules à doubles commandes, qui risquent de voir leur activité fortement réduite, une atteinte suffisamment grave et immédiate pour caractériser une situation d’urgence. »

Formation en auto-école : réfractaires et partisans
Cette formation peut être dispensée par des centres agréés, des associations ou des auto-écoles. Par principe, de nombreuses écoles de conduite se refusent à dispenser une telle formation. Ainsi, Laurent Granté, gérant de l’auto-école Pôle Position à Aiguebelle (Savoie) estime que « former à la conduite est un métier. Il faut être pédagogue, psychologue, et plus vigilant que n’importe quel conducteur car la personne qui a le volant dans les mains ne sait pas conduire. Apprendre à conduire, ce n’est pas comme prendre des cours de maths, c’est évoluer dans un environnement humain, où la moindre erreur peut être fatale ». Par contre, d’autres établissements se disent prêts à la proposer. Karen Chartiel, directrice pédagogique du centre Cipeca à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), estime ainsi que « 4 h ce n’est certes pas beaucoup, mais c’est mieux que rien du tout. Il faut proposer cette formation, car sinon, cette disposition risque d’être annulée, comme il y a 3 ans quand les centres Bepecaser ont refusé de la proposer par manque de temps ou d’envie. Dans mon centre, je vais la proposer et essayer de bien préparer les accompagnateurs. De plus, cela peut freiner un peu la demande et dissuader de faire de la double commande. » Gaelle Galou de l’auto-école Virtuelle (Bordeaux), partage cet avis. « J’ai appris à conduire sur un parking avec mon père, et pourtant j’ai suivi le reste de ma formation dans une auto-école. Je vais proposer cette formation car selon moi ce n’est pas une concurrence, mais une autre solution à laquelle je tiens à participer. » Enfin, Romain Blanchard, du centre de formation Blanchard (Dreux), un établissement qui propose la formation et a déjà effectué deux sessions, ne considère pas qu’il s’agit d’une véritable concurrence. « Car sinon, cela voudrait dire que notre métier d’enseignant de la conduite n’est pas valorisé. Quand on voit le mal que les auto-écoles se donnent pour atteindre un taux de réussite moyen de 53%, je ne pense pas qu’un simple accompagnateur de véhicule à doubles commandes puisse faire beaucoup mieux. Cet accompagnateur sert davantage à assurer la sécurité du conducteur qu’à faire de la pédagogie. »

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