Accidentologie 2017 : un bilan définitif en demi-teinte

01/09/2018 Sécurité routière
Sécurité routière Accidentologie 2017 : un bilan définitif en demi-teinte

Le gouvernement a dévoilé le bilan définitif de l’accidentologie 2017 fin mai. Si le nombre de morts est en légère baisse, tous les autres indicateurs sont à la hausse.

En 2017, 3 448 personnes sont décédées lors ou des suites d’un accident de la route en France métropolitaine. Un chiffre toujours au-dessus de la barre symbolique des 3 000 morts, mais en légère baisse par rapport à 2016 où l’on avait enregistré 3 477 décès. Si cette différence de 29 personnes ne peut constituer une victoire, elle marque tout de même enfin l’inversion d’une tendance haussière depuis trois ans. En effet, après plusieurs années de baisse, la mortalité routière était repartie à la hausse en 2014 (+3,5 %), puis en 2015 (+2,3 %) avant d’enregistrer une certaine stabilisation en 2016 (+0,46 %).

Augmentation du nombre d’accidents et des blessés
Ce premier constat plutôt positif ne doit cependant pas occulter une autre réalité, nettement plus sombre : le nombre global des accidents corporels survenus en 2017 sur le réseau routier en Métropole, a augmenté de 1,9 %. Ainsi 58 613 accidents corporels ont été comptabilisés en 2017 contre 57 522 en 2016. Rappelons que le nombre d’accidents corporels étaient déjà en hausse de 1,6 % en 2016 par rapport à 2015 où l’on avait recensé 56 603 cas. Si les accidents s’avèrent moins souvent mortels, ils restent généralement graves car le nombre de blessés a augmenté de 1 % par rapport à 2016 avec 73 384 blessés, dont 27 732 ayant nécessité une hospitalisation. Pour rappel, en 2016, les accidents de la route avaient fait 72 645 blessés, dont 27 187 hospitalisés, ce qui constituait déjà une hausse de 2,2 % par rapport à l’année précédente (70 802 blessés en 2015, dont 26 595 personnes ayant été hospitalisées).
La baisse du nombre de morts en 2017 doit donc faire l’objet d’une satisfaction très mesurée. En effet, si l’on focalise souvent sur le chiffre de la mortalité, on oublie un peu trop les blessés dont la vie peut basculer à jamais.

70 % des grands blessés conservent des séquelles à vie
Selon le Professeur Philippe Azouvi, spécialiste en neurologie et en médecine physique et de réadaptation à l’hôpital Raymond Poincaré, à Garches, dans les Hauts-de-Seine, « on voit de plus en plus des blessés qui extérieurement ne semblent pas présenter de blessures graves mais qui sont victimes de lésions internes très importantes. Arrivent en tête des blessures : les lésions crâniennes (53,4 %), les lésions sévères orthopédiques des membres (28,5 %) et les lésions de la moelle épinière (15,2 %). Le grand nombre de cas de lésions crâniennes s’explique par le fait que la force de décélération dépasse ce que la matière cérébrale est capable de supporter. D’où l’intérêt de sensibiliser les automobilistes à la baisse de la vitesse sur les routes ». Car selon une étude de suivi des blessés, quatre ans après l’accident, 70 % conservent des séquelles, dont 33 % présentent une perte d’autonomie. Toujours selon le Professeur Azouvi, « seuls 38 % des patients ont pu reprendre une activité », mais cela demande généralement une réorganisation des tâches au travail et éventuellement un aménagement spécifique des lieux de vie, pour pouvoir se déplacer en fauteuil roulant, par exemple. Quoiqu’il en soit, c’est souvent une vie gâchée. 

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